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2 septembre 2013

Petite Poucette - Ecole 9

ecolier

Le concept abstrait

Et que penser des concepts, si difficiles parfois à former ? Dis-moi ce qu'il en est de la Beauté. Petite Poucette de répondre : Une belle femme, une belle cavale, une belle aurore... Arrête, voyons ; je te demande un concept, tu me cites mille exemples, tu n'en finiras jamais avec tes filles et tes pouliches !

Dès lors, l'idée abstraite revient à une économie grandiose de pensée : La Beauté tient dans la main mille et une belles, comme le cercle du géomètre comprend des myriades infinies de ronds. Nous n'aurions jamais pu écrire ni lire pages ni livres si nous eussions dû citer ces belles et ces ronds, en nombre énorme, sans terme. Mieux, je ne peux délimiter la page sans en appeler à cette idée qui bouche les fuites de cette énumération indéfinie. L'abstraction fait le bouchon.

En avons nous encore besoin ? Nos machines défilent si vite qu'elles peuvent compter indéfiniment le particulier, quelles savent s'arrêter à l'originalité. Si l'image de la lumière peut nous servir encore pour illustrer, si j'ose dire, la connaissance, nos ancêtres en avaient choisi la clarté, tandis que nous optons plutôt pour sa vitesse. Le moteur de recherche peut, parfois, remplacer l'abstraction.

Comme plus haut le sujet, l'objet de la cognition vient de changer. Nous n'avons pas un besoin obligatoire de concept. Parfois, pas toujours. Nous pouvons nous attarder aussi longtemps que nécessaire devant les récits, les exemples et les singularités, les choses elles-mêmes. Pratique et théorique, cette nouveauté redonne dignité aux savoirs de la description et de l'individuel. Du coup, le savoir offre sa dignité aux modalités du possible, du contingent, des singularités. Encore une fois, certaine hiérarchie s'effondre. Devenu expert en chaos, le mathématicien lui-même ne peut mépriser désormais les SVT qui, déjà, pratiquent le mélange à la Boucicaut, qui, déjà, doivent enseigner de façon intégrée, parce que, si l'on découpe la réalité vivante de manière analytique, elle meurt. Encore une fois, l'ordre des raisons, encore utile, certes, mais parfois obsolète, laisse place à une nouvelle raison, accueillante au concret singulier, naturellement labyrinthique... au récit.

L'architecte bouleverse les partitions du campus.

Espace de circulation, oralité diffuse, mouvements libres, fin des classes classifiées, distributions disparates, sérendipité de l'invention, vitesse de la lumière, nouveauté des sujets aussi bien que des objets, recherche d'une autre raison... : la diffusion du savoir ne peut plus avoir lieu dans aucun des campus du monde, eux-mêmes ordonnés, formatés page à page, rationnels à l'ancienne, imitant les camps de l'armée romaine. Voilà l'espace de pensée où habite, corps et âme, depuis ce matin, la jeunesse de Petite Poucette.

Saint Denis pacifie la légion.

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